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Soutenance de l'HDR de Christine Rendu
La soutenance de l’habilitation à diriger des recherches de Christine Rendu, intitulée
La fabrique des espaces d'altitude. Un parcours pyrénéen entre pastoralisme et agriculture
se tiendra le 15 novembre 2021 à 14 h au Muséum National d'Histoire Naturelle à Paris, amphithéâtre Rouelle, au jardin des plantes, devant un jury composé de :
Mme Marie BALASSE, Directrice de recherche au CNRS, Muséum National d'Histoire Naturelle,
Mme Margarita FERNANDEZ-MIER, Professeure, université d'Oviedo,
M. Florent HAUTEFEUILLE, Professeur, université de Toulouse Jean-Jaurès,
Mme Marie-Pierre RUAS, Directrice de recherche au CNRS, Muséum National d'Histoire Naturelle, garante,
Mme Margareta TENGBERG, Professeure, Muséum National d'Histoire Naturelle,
M. Jean-Pierre Van STAEVEL, Professeur, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
La soutenance sera suivie d'un pot dans le grand bureau de l'îlot Buffon-Poliveau.
Résumé
Mes travaux portent principalement sur les étages alpins et montagnards de la chaîne pyrénéenne. J'y étudie de manière comparative la construction sociale des paysages anthropisés anciens selon deux pratiques : le pastoralisme (pâturage estival) et la mise en culture des pentes.
Mon objectif est : 1) d'inventorier et de décrire les aménagements archéologiques qui permettent de retracer ces pratiques ; 2) de comprendre leur signification technique en les croisant avec des sources paléo-environnementales, bio-archéologiques, écrites et ethnologiques ; 3) de saisir leur signification sociale et leur organisation spatiale, très variables dans le temps.
Les échelles de temps sur lesquelles se concentre ce travail sont la longue durée des sociétés agropastorales (du Néolithique à nos jours), la durée médiane des périodes historiques bien documentées par les sources écrites (du Moyen Âge au XIXe siècle), et la courte durée des enquêtes ethnographiques
Rencontres et expériences (première partie CV et parcours chapitre 1) m'ont amenée à exposer les principales caractéristiques d'une position de recherche ancrée dans l'interdisciplinarité et s'inscrivant dans la durée (chapitre 2).
Cette perspective est celle de l'anthropologie historique. Elle exige que l'on se tienne aux frontières des disciplines afin d'étudier les limites mouvantes entre le sauvage et le domestique dans ces zones apparemment non gérées. Il s'agit d'explorer les rapports à l'usage des terres et des ressources qui sont créés par des pratiques fondées sur la mobilité, l'alternance et la saisonnalité des ressources. Le pastoralisme et l'agriculture de haute altitude contribuent à caractériser un ensemble plus large de pratiques culturelles. Leur intérêt est de mettre en lumière des modèles sociaux et territoriaux différents de ceux qu'offrent les espaces agricoles ordinaires. Ces schémas permettent également de réfléchir à des articulations originales entre propriété foncière, structuration territoriale et partage des ressources. Un tel questionnement sur la logique des pratiques implique de placer au cœur de l'observation les gestes concrets qui sous-tendent l'appropriation ainsi que leurs traces. Elle nécessite également la constitution d'un important corpus de comparaison ethnographique et ethno-historique. A cet égard, l'objet et la difficulté de cette thèse étaient de trouver les moyens d'appréhender cette construction des territoires dans une perspective comparative.
Une deuxième partie (chapitres 3 à 7) présente les résultats de mes investigations dans les trois zones d'étude pyrénéennes (Cerdagne, Massif d’Iraty, vallée d’Ossau), puis les premières approches transversales que j'ai menées.
Elles m’ont conduite à me concentrer, pour les périodes médiévale et moderne, sur l’articulation entre limites territoriales et pratiques de la compascuité et à y détecter différentes formes de confins ; elles m’ont aussi amenée, en recherchant les facteurs susceptibles d’avoir contribué aux phénomènes de dispersion ou de regroupement de l’habitat, à faire apparaître le fil d’une comparaison diachronique entre l’âge du Bronze et les périodes suivantes ; en reprenant les données archéologiques dont nous disposons sur le temps long à travers la chaîne pyrénéenne, il s’agissait enfin de mettre en perspective certains points de basculement qui se dessinent entre différents systèmes d’exploitation et de peuplement, d’un point de vue chronologique et géographique.
À plusieurs reprises s’est posée la question des facteurs en jeu dans ce que l’on peut identifier, de façon imprécise encore, comme de possibles transitions entre différents états de ces systèmes.
Si l’une des expressions les plus globales de telles transformations me semble toujours résider dans les oscillations altitudinales de la limite supérieure de l’agriculture, ou plus largement de la limite entre des formes extensives et intensives d’exploitation, les facteurs qui font évoluer ces configurations sont multiples, à la fois écologiques, économiques, techniques et sociaux. Je pars de l’hypothèse que la diversité et, par moments, la relative singularité des sociétés de montagne ne résultent pas d’un archaïsme mais d’une connaissance fine du milieu, sans cesse expérimentée et remise en question, et d’une part d’invention sociale – non dénuée de conflits. Celle-ci a joué dans leur façon d’adapter localement les principes et les pratiques qui fondaient leurs systèmes d’exploitation aux circonstances historiques.
Cette hypothèse conduit à repartir du détail des situations pour en rechercher, d’une façon qui ne serait plus globale mais presque fractale, les constructions communes et les variantes, les évolutions divergentes ou convergentes.
Mon projet de recherche « Habiter la montagne, aménager la nature : la conduite et le partage des ressources dans la fabrique des territoires d’altitude (Moyen Âge et longue durée) » souhaite refléter ce parti pris d’approcher de façon comparative les constructions territoriales à partir des pratiques et des ‘structures élémentaires’ de l’exploitation des ressources.
Ce projet s’organise autour de deux axes étroitement liés : le premier est centré sur les modalités d’appropriation des ressources du Moyen Âge à nos jours ; le second sur une approche à différentes échelles des relations entre systèmes d’exploitation et systèmes de peuplement. La première voie consistant à observer la relation entre pratiques d’exploitation et appropriation de l’espace à partir d’une pluralité de sources, elle peut nourrir la seconde, notamment comme un gisement d’analogies – positives ou différentielles – pour approcher les transformations sociales, spatiales et environnementales des périodes antérieures.